Est-ce parce qu'elle est italo-allemande qu'elle est devenue nomade, toujours entre deux choix contradictoires? Toujours est-il qu'elle a mis longtemps à trouver sa voie après des études d'économie: l'art au sens large, comprenant mode, design, sculpture, décoration. Et le nuage, porté par le vent et franchissant les océans, est devenu sa forme emblématique. Irene Cattaneo se passionne pour la lumière. Les nuages colorés soufflés à Murano qu'elle a installés sur une passerelle du magasin de la Samaritaine, dans le cadre de la Saison « Paris Venise, en tête-à-tête », reflètent le ciel parisien. Après huit années sérieuses d'études à Milan, elle part vivre à Beyrouth, où elle apprend la liberté. Mais cest à Murano, lorsqu'elle rencontre le maître-ver-rier Andrea Berengo de la fornace Lampfora, que son amour de l'iridescence et des jeux de lumière réapparaît. Elle qui aime tout contrôler et planifier lâche enfin prise et sadonne à la sculpture du verre. Cest à New York quelle découvre que le verre peut se marier hardiment avec d'autres matières. Après quelques expositions, elle s'enhardit donc à combiner divers matériaux. Si le verre parle d'allégresse, le marbre lui apporte la stabilité.
Et comme elle rêve d'objets plus monumen-taux, elle ajoute le cuivre et le bronze pour des œuvres plus résistantes. « Cest pour moi un défi de faire des objets pas seulement beaux, mais également fonctionnels », explique-t-elle.
Le choix est donc fait. Ce seront des meubles ins- pirés par la mythologie. La table Zeus par exemple, avec son pla- teau en onyx couleur de lagune et ses pieds de bronze en flèches brisées. Normal que les nuages aient emmené Irene Cattaneo vers des cieux plus baroques.